Last updated on 10 October 2024
Société anonyme (SA)
Company name | Imerys |
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Sector concerned by our analysis of the company's vigilance plan | Mineral extraction |
Description of the company's activities | Eramet describes itself as “an important player in an essential energy transition”. The Group has a special focus on the extraction of lithium — “a critical metal essential to energy and digital transition”. The company states that its minerals can be used for “new mobility solutions, [and the] development of renewable energies requiring energy storage”. |
Main minerals used by this sector | Cobalt, Copper, Lithium, Manganese, Nickel, Zinc |
As part of our study on the duty of vigilance, we examined more specifically the content of Imerys's 2020 vigilance plan. Find our analysis in French here:
Le plan est-il publié de façon autonome, formalisée et accessible ?
Le plan de vigilance d’Imerys est présenté dans le rapport de gestion de la société sous la forme d’un tableau unique opérant des renvois vers différents paragraphes du rapport de gestion, notamment vers des éléments de reporting comme la DPEF.
Cependant, selon le code de commerce, c’est bien la DPEF qui “peut renvoyer, le cas échéant, aux informations mentionnées dans le plan de vigilance” et non l’inverse.
Ce tableau ne satisfait pas à l’exigence d’accessibilité car il fonctionne uniquement en opérant des renvois à d’autres chapitres du rapport de gestion, qui plus est, sans utiliser de renvois par liens hypertexte. De plus, au sein même des différentes parties vers lesquelles le tableau renvoie, de nouveaux renvois sont systématiquement opérés à l’intérieur du rapport de gestion et toujours sans l’utilisation de liens hypertexte. L’exigence d’accessibilité devrait minimiser le fonctionnement « par renvoi » à d’autres chapitres du rapport de gestion ou à d’autres documents établis par Imerys. Cependant, dans le cas où la quantité de données relatives à certains aspects de la Loi devoir de vigilance rendrait le plan illisible, un renvoi à l’aide d’un lien hypertexte pourrait être utilisé. Cela peut être le cas pour les listes de sous-traitants et fournisseurs qui atteignent régulièrement plusieurs milliers dès le « rang 1 ». Dans ce cas, un lien hypertexte permettant d’accéder directement à l’information devrait être prévu, toujours dans un souci de transparence, de lisibilité et d’accessibilité. Enfin, l’impératif d’accessibilité devrait impliquer que le plan soit mis en ligne de façon visible sur le site de l’entreprise. Imerys revendiquant “224 sites industriels et 106 mines dans 40 pays” , le plan de vigilance devrait être traduit au minimum dans les langues des pays dans lesquels la société opère.
Le plan couvre-t-il clairement la société mère et ses filiales ? Présente-t-il la méthode de consolidation qui permet d'identifier les filiales de façon précise ?
Le périmètre du plan de vigilance d’Imerys n’est pas clairement établi. Cependant, il semble couvrir l’ensemble du périmètre Groupe car la société mentionne à plusieurs reprises que les mesures de vigilance décrites dans le plan concernent “les activités du Groupe” , c’est-à-dire les activités de la société mère Imerys ainsi que les activités des sociétés qu’elle contrôle de manière directe ou indirecte. Cependant ces sociétés ne sont pas identifiées dans le plan (au moyen d’une liste par exemple) et leurs activités ne sont pas précisées. Toutefois, ces sociétés étant listées dans le rapport de gestion, si le choix de l’identification du périmètre groupe au moyen d’une liste était retenu, un lien hypertexte permettant d’accéder directement à l’information pourrait être prévu, dans un souci de transparence, de lisibilité et d’accessibilité de l’information.
Le plan démontre-t-il l’intégration des sous-traitants et fournisseurs de la société mère et des sociétés contrôlées au périmètre de la vigilance ? Permet-il de les identifier de façon précise ?
Le périmètre du plan de vigilance d’Imerys n’est pas clairement établi par la société. Cependant, il semble couvrir l’ensemble du périmètre extra-groupe car la société mentionne à plusieurs reprises que les mesures de vigilances décrites dans le plan de vigilance concernent “les relations avec les fournisseurs et sous-traitants” , c’est-à-dire les fournisseurs et sous-traitants de la société mère et des filiales contrôlées. Cependant, les fournisseurs et sous-traitants ne sont pas identifiés (au moyen d’une liste par exemple), leurs activités et leurs rangs dans la chaîne d’approvisionnement ne sont pas non plus précisés.
Le plan couvre-t-il clairement les risques et atteintes graves aux droits humains, à l'environnement et à la santé et à la sécurité ? Identifie-t-il les normes de référence de la société ?
Le plan de vigilance d’Imerys dit identifier les risques et atteintes potentielles “aux droits de l’Homme, aux libertés fondamentales, à la santé et à la sécurité des personnes et à l’environnement“, conformément à la loi devoir de vigilance.
Les normes de référence qu’Imerys revendique respecter sont : “la Charte internationale des droits de l’Homme, les conventions fondamentales de l’OIT : en particulier en matière de non-discrimination, de respect de la vie privée, de lutte contre le travail des enfants et le travail forcé, de rémunération et de temps de travail et les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme” . Imerys devrait toutefois détailler les atteintes potentielles à ces droits en fonction des risques et atteintes identifiés par la société et pouvant survenir dans les différents pays où elle opère.
Le plan identifie-t-il les parties prenantes de la société ? Présente-il la méthodologie de leur consultation ainsi que les résultats de cette dernière ?
Imerys présente dans son plan de vigilance “sa procédure de gestion des parties prenantes et de relations avec les communautés, afin de créer de la valeur pour les communautés où sont implantées ses activités” . Cette procédure ne semble pas poursuivre les exigences d’identification et de consultation des parties prenantes nécessaires à l’élaboration du plan de vigilance. En effet, la procédure mise en place par Imerys semble aboutir à des mesures éloignées des mesures de vigilance comme “l’invitation des représentants des communautés et autorités locales à visiter ses sites” . D’autre part, la méthodologie d’identification et de consultation des parties prenantes n’apparait pas dans le plan de vigilance d’Imerys. La liste des parties prenantes consultées pour l’établissement et la mise en œuvre du plan n’est également pas publiée. S’il apparaît nécessaire de garantir la confidentialité de certaines parties prenantes vulnérables, la société devrait indiquer les catégories de parties prenantes consultées pour lesquelles elle a préféré privilégier l’impératif de confidentialité.
Le plan présente-t-il les initiatives auxquelles participe la société ? Indique-t-il, le cas échéant, le niveau d'implication de la société dans celles-ci ainsi que les objectifs poursuivis ?
Dans son plan de vigilance, Imerys n’indique pas si la société est membre d’initiative régionale ou sectorielle permettant la certification ou la labellisation de ses extractions de minerais. Ces initiatives sont toutefois répandues dans les chaînes d’approvisionnement des minerais et métaux nécessaires à la transition énergétique et plus particulièrement dans les chaines d’approvisionnement des minerais de conflit. Ces initiatives peuvent avoir une bonne connaissance des risques dans un secteur ou une région donnée et peuvent permettre un échange d’informations utiles entre les sociétés concernées. Elles permettent également de réduire la pression sur les fournisseurs et sous-traitants en mutualisant les informations et les mesures pour plusieurs donneurs d’ordres.
Si Imerys a recours à de telles initiatives, la société devrait publier la liste exhaustive de celles-ci ainsi que, le cas échéant, une évaluation critique des initiatives à échéance régulière. Cette évaluation permettrait de s’assurer que les mesures prises dans le cadre de ces initiatives volontaires sont des mesures de vigilance appropriées. Cette évaluation permettrait également de savoir si la société a identifié des limites à ces initiatives et a engagé des actions adaptées pour y remédier. En effet, comme le révèle le récent rapport de The Institute for Multi-Stakeholder Initiative Integrity [1], ou l’organisation Germanwatch qui a publié une étude sur l’efficacité des initiatives sectorielles dans les chaînes d’approvisionnement en minéraux des appareils électroniques [2], ces mécanismes peuvent s’avérer trop limités dans leur portée. Germanwatch a ainsi mis en avant que « l’affiliation (l’adhésion ou la certification) à ces initiatives ne constitue pas à elle seule la preuve que les minerais ont été obtenus d’une manière qui tient compte des risques environnementaux et sociaux et des risques envers les droits humains ». Dès lors, en cas d’affiliation à de telles initiatives, ces dernières devraient faire l’objet d’évaluations et de vérifications régulières.
[1] 2020.07 ; The Institute for Multi-Stakeholder Initiative Integrity ; not fit for purpose
[2] Sydow J. , Reichwein A. (2018); Germanwatch ; Governance of Mineral Supply Chains of Electronic Devices: Discussion of Mandatory and Voluntary Approaches in Regard to Coverage, Transparency and Credibility
Le plan présente-t-il précisément l'organisation transversale de la gouvernance de la vigilance au sein de la société ?
Dans son plan de vigilance, Imerys indique que la gouvernance du plan est assurée par “le Comité d’éthique, présidé par la Directrice juridique du Groupe et composé de membres du Comité exécutif et de responsables de fonction du Groupe qui fixe les priorités en la matière” . Le plan de vigilance d’Imerys pourrait identifier la gouvernance de la vigilance en fonction des risques identifiés et de mesures élaborées. Cela reviendrait à identifier les directions opérationnelles en charge de la vigilance et les moyens qui leurs sont alloués, mais aussi l’évolution des ressources humaines prévues pour chaque mesure, ce qui permettrait d’apprécier l’effectivité de la vigilance et la réalité des moyens mis en œuvre.
Afin d'attester du comportement constant de la vigilance, le plan de vigilance est-il mis à jour de façon régulière ?
Le plan de vigilance d’Imerys a été mis à disposition du public lors de la publication du rapport de gestion de la société (en avril 2020) et la société ne précise pas la fréquence de mise à jour du plan de vigilance. Or, le plan n’est pas un simple exercice documentaire ni déclaratif mais sa publication sert à démontrer qu’il produit des effets, c’est pourquoi le contenu des plans devrait logiquement évoluer chaque année et être mis à jour régulièrement, par exemple, en cas de survenance d’événements majeurs.
Le plan indique-t-il la gouvernance de la cartographie au sein de la société ? Apporte-t-il des précisions satisfaisantes sur les ressources mobilisées pour faire remonter des informations du terrain ? Démontre-t-il, le cas échéant, une connaissance précise des parties prenantes et des groupes vulnérables identifiés ?
Dans le plan de vigilance d’Imerys, la cartographie des risques semble être coordonnée par “le Comité des Risques” qui se compose des “représentants des comités Ethique, Change, Taux et Énergie, Investissements, Informatique et Cyber sécurité, CSR et Sécurité. Il est dirigé par le Directeur de l’Audit Interne et du Contrôle” . Ces départements semblent rattachés à la maison mère du groupe et éloignés des risques et atteintes graves pouvant survenir tout au long de la chaîne de valeur du groupe et plus particulièrement aux cours des activités d’extraction de minerais.
Dans son plan de vigilance, Imerys semble avoir construit sa cartographie en s’appuyant tout d’abord sur des entretiens menés en interne “en 2017 avec des représentants clés des métiers et des fonctions supports qui ont abouti à l’élaboration de la version préliminaire d’un référentiel de risques de conformité. D’autres consultations ont ensuite été organisées avec des instances externes et des organisations non gouvernementales, pour recueillir leurs réactions sur le référentiel et le processus” . Imerys annonce également déployer en 2020 une plateforme à destination des fournisseurs dont le but est de s’assurer que ces derniers “aient connaissance des Standards du Groupe et s’engagent à s’y conformer ” en identifiant les risques potentiels et les atteintes graves. Pour chacune de ces méthodes, les critères utilisés pour identifier les risques et les atteintes graves ne sont d’une part pas publiés, d’autre part, non mis à jour de manière régulière, puisqu’aucune information ne précise si ces entretiens se sont poursuivis depuis 2017.
Par ailleurs, Imerys indique également dans son plan de vigilance que les risques ont d’abord été identifiés par “une première série d’évaluations des risques du Groupe menée en 2018, dans deux régions pilotes” puis qu’une “deuxième phase d’évaluations géographiques s’est ouverte en 2018 au moyen de questionnaires et d’entretiens menés avec des responsables de chacune des zones d’implantation du Groupe restant à couvrir” . En 2019, “deux nouveaux ateliers d’évaluation ont eu lieu pour continuer à étendre le périmètre géographique couvert par les travaux” . Cependant, Imerys ne précise pas de quelles zones géographiques il s’agit et ne justifie pas le choix de ces zones. La société étant présente à travers « 224 sites industriels et 106 mines dans 40 pays », ces zones pourraient par exemple être justifiées en fonction de l’implantation des sites d’Imerys dans certains pays. Imerys participant à l’extraction de plus de « 30 minéraux différents », dont certains nécessaires à la transition énergétique comme la bauxite, le lithium ou le graphite, notamment pour le secteur automobile ou du bâtiment, ces zones pourraient également être justifiées en fonction de l’extraction de certains de ces minerais.
Dans son plan de vigilance, Imerys indique simplement les catégories de parties prenantes identifiées par le groupe dans sa stratégie d’identification de ses risques. Il s’agit des parties prenantes suivantes : “banques et courtiers, partenaires commerciaux, concurrents et pairs, clients, salariés, autorités gouvernementales, membres de communautés locale, médias, organisations non gouvernementales, associations professionnelles, actionnaires et des investisseurs, fournisseurs et sous-traitants“.
Toutefois, si les communautés locales sont identifiées en tant que catégorie de parties prenantes, Imerys ne précise pas quelles sont les communautés locales potentiellement atteintes par les activités de la société qui auraient été identifiées et consultées. Imerys a cependant fait l’objet d’allégations quant à des déversements d’eaux usées, issues de l’extraction et de la transformation de minerais, dans des cours d’eau locaux de l’État amazonien du Pará eu Brésil [1], ce qui aurait entrainé des contaminations et des privations d’eaux pour des milliers de personnes. Afin de s’assurer que la cartographie est élaborée en fonction des risques et des atteintes spécifiques aux activités des 106 mines et des 224 sites industriels d’Imerys, la méthodologie de la cartographie devrait comprendre des éléments d’identification et de consultation des communautés locales vulnérables. Ces dernières pourraient dès lors indiquer des risques et des atteintes potentielles que la société fait peser sur eux et sur l’environnement. Enfin, la diversification des acteurs identifiés et consultés est cruciale car elle permet de vérifier entre autres la véracité et la fiabilité des informations récoltées.
[1] Observatoire des Multinationales ; Une entreprise minière française accusée de semer la désolation en Amazonie – Bastamag ; Polluées, menacées, déplacées : ces communautés amazoniennes aux prises avec des multinationales européennes
Dans son plan de vigilance, Imerys indique que la cartographie des risques est établie en fonction des risques liés “à la corruption, aux droits de l’Homme et aux risques environnementaux, sociaux et de gouvernance” . Toutefois, la cartographie des risques relative au devoir de vigilance ne devrait pas porter sur des risques qui pourraient porter atteinte à la société, mais s’attacher uniquement aux risques envers les tiers et l’environnement. Cependant, la cartographie des risques d’Imerys identifie de nombreux risques qui pèsent sur la société elle-même. Par exemple, si la société reconnait que “les activités industrielles d’exploitation minière et de transformation des minéraux peuvent avoir un impact sur l’environnement (en particulier sur l’état des sols ou de l’eau)” , Imerys considère que les risques liés à cette activité peuvent générer pour le Groupe “des dépenses d’adaptation ou de remise à niveau des outils industriels, de remise en état de sites industriels ou de dépollution de l’environnement” ainsi que “des sanctions civiles, administratives ou pénales en cas de manquement aux réglementations environnementales” .
Les risques au sens de la loi devoir de vigilance sont à distinguer absolument des risques qui pèsent sur la société elle-même.
Le plan de vigilance indique-t-il si des études d'impacts externes sur les droits humains et l'environnement ont été réalisés ? Le plan indique-t-il et décrit-il les risques et atteintes graves identifiés de façon détaillée? Présente-il une analyse de ces risques et de ces atteintes graves ainsi qu'une hiérarchisation entre eux ?
Dans son plan de vigilance, Imerys mentionne uniquement que “le Groupe incite aux certifications ISO 14001 et d’Audit (SMEA)” . Selon Imerys, 44% des sites du groupes “sont ainsi certifiés ISO 14001 ou SMEA par des organismes externes agréés” . Cependant, les acteurs externes réalisant ces études d’impact ne sont pas mentionnés, ce qui ne permet pas de s’assurer que ces acteurs externes ne sont pas influencés par de potentiels conflits d’intérêt par exemple. D’autre part, les risques d’atteintes qui ressortent de ces études d’impacts ne sont pas publiés, ce qui pose un problème de transparence et ne permet pas de s’assurer que les risques découlant des activités de la société soient identifiés.
Dans le plan de vigilance d’Imerys, afin d’accéder au paragraphe qui comprend “l’identification, l’analyse et le classement des risques” , la société procède à un nouveau renvoi ce qui complexifie l’atteinte de l’information alors même que l’identification des risques est un élément central du devoir de vigilance. L’exigence d’accessibilité devrait ainsi minimiser le fonctionnement “par renvoi ” à d’autres chapitres du rapport de gestion ou à d’autres documents établis par Imerys.
Concernant l’identification des risques, Imerys indique “qu’à la suite des analyses menées en 2019, les risques relatifs aux droits de l’Homme, à la santé, la sécurité et l’environnement ont été portés à 15 scénarios (contre 13 en 2018)” . Cependant, Imerys ne définit pas ce qu’est un “scénario” , c’est à dire s’il s’agit d’un risque identifié ou non. Par ailleurs, Imerys ne présente que des catégories de risques (“environnement et changement climatique” ou “santé et sécurité” par exemple). Chaque catégorie est ensuite illustrée par quelques risques “principaux” comme la “santé au travail” ou la “gestion des émissions atmosphériques” . Cependant, l’identification des risques et atteintes graves devraient se faire de façon plus détaillée en fonction des activités d’Imerys réparties sur 224 sites industriels et 106 mines dans 40 pays. Imerys pourrait identifier les risques par exemple par pays ou régions, mines et sites industriels, ou minerais extraient par le groupe.
En ce sens, Imerys devrait par exemple identifier les risques émanant du site de Barcarena [1] dans l’État amazonien du Pará au Brésil. En effet, ce site serait responsable de déversements d’eaux usées, issues de l’extraction et de la transformation de minerais, dans des cours d’eau locaux ayant pour incidence de contaminer et des priver de ressource en eau potable des milliers de personnes [2].
Imerys devrait ainsi identifier pour ce site le risque de déversement des eaux usées dans l’environnement et par conséquent les risques de pollution de l’eau, d’atteinte à la santé, au logement, à un environnement sain ou à l’environnement par exemple.
De même, Imerys indique dans son plan de vigilance que “deux incidents relatifs au rejet d’effluents ont eu lieu sur deux sites au Royaume-Uni et sont liés à un excédent temporaire du seuil de pH dans un effluent et un niveau de turbidité élevé” . Dès lors, Imerys devrait identifier dans son plan de vigilance les risques d’atteintes graves à l’environnement sur ces sites (risque de pollution de l’eau, risque d’atteinte à la santé, au logement, à un environnement sain et à l’environnement par exemple).
Ainsi, l’identification des risques et des atteintes graves devrait être précise et non pas généralisée à la différence de la hiérarchisation des risques qui pourrait quant à elle, et dans un second temps uniquement, utiliser des catégorisations et se contenter de nommer des risques “principaux” .
[1] Il s’agirait du site de CAPIM Barcarena selon le site internet de la société
[2] Observatoire des Multinationales ; Une entreprise minière française accusée de semer la désolation en Amazonie – Bastamag ; Polluées, menacées, déplacées : ces communautés amazoniennes aux prises avec des multinationales européennes
Dans le plan de vigilance d’Imerys le respect du droit au CLIP des communautés locales n’est pas mentionné. Cependant, avec une activité s’étendant sur plus de 106 mines et 224 sites industriels, Imerys devrait s’attacher au respect du CLIP des communautés riveraines concernées. Or, Imerys serait responsable de déversements d’eaux usées dans des cours d’eau de l’État amazonien du Pará au Brésil [1], provenant de l’extraction et de la transformation de minerais du site de Barcarena [2]. Ces déversements auraient par ailleurs affecté les terres, les cultures, l’accès à l’eau ou la santé des communautés riveraines. Dès lors, le risque de violation du CLIP de ces communautés devrait être identifié par Imerys. Par ailleurs, si l’absence d’implication des parties prenantes ne peut caractériser une violation du devoir de vigilance, le non-respect du CLIP résultant d’un manque de vigilance pourrait engager la responsabilité de l’entreprise.
[1] Il s’agirait du site de CAPIM Barcarena selon le site internet de la société
[2] Observatoire des Multinationales ; Une entreprise minière française accusée de semer la désolation en Amazonie – Bastamag ; Polluées, menacées, déplacées : ces communautés amazoniennes aux prises avec des multinationales européennes
Dans son plan de vigilance, Imerys n’a cependant pas identifié de manière précise les risques liés à ses activités. En effet, Imerys ne présente que des catégories de risques dans lesquelles quelques risques ont été identifiés, souvent à titre d’illustration. Cependant, une analyse précise des risques permettrait d’évaluer leur ampleur. Par exemple, lorsqu’il existe des risques de déversement des eaux usées dans l’environnement [1] comme ce serait le cas sur le site de Barcarena [2] dans l’État amazonien du Pará au Brésil, l’analyse des risques devrait couvrir la gravité des conséquences du risque identifié.
Par ailleurs, dans le plan de vigilance d’Imerys, lorsque des risques ont été effectivement identifiés, leur analyse est parfois tournée vers la société elle-même.
Par exemple, la société reconnait que “le changement climatique pourrait avoir des conséquences opérationnelles et financières susceptibles d’engendrer des dommages aux installations industrielles ainsi qu’aux salariés” . Une telle analyse est dès lors tournée vers les risques envers la société elle-même et non envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l’environnement, conformément à la loi devoir de vigilance.
[1] Il s’agirait du site de CAPIM Barcarena selon le site internet de la société
[2] Observatoire des Multinationales ; Une entreprise minière française accusée de semer la désolation en Amazonie – Bastamag ; Polluées, menacées, déplacées : ces communautés amazoniennes aux prises avec des multinationales européennes
Imerys indique dans son plan de vigilance que les risques sont hiérarchisés “sur la base de « l’indice composite des pays », l’indice de liberté humaine et l’indice de performance environnementale” . Cependant, la méthode utilisée pour obtenir ces indices n’est pas détaillée. La hiérarchisation finale des risques identifiés par Imerys n’est également pas présentée dans le plan de vigilance. Cette hiérarchisation n’a pas vocation à exclure des risques ou atteintes graves du champ de la vigilance mais à prioriser les réponses dans le temps, avec l’objectif à terme de traiter la totalité des risques.
Par exemple, lorsqu’il existe des risques de déversement des eaux usées dans l’environnement [1] comme ce serait le cas sur le site de Barcarena [2] dans l’État amazonien du Pará au Brésil (voir Identification détaillée des risques et atteintes graves et Description et analyse des risques identifiés), les degrés de gravité, d’étendu, de probabilité ainsi que de réversibilité des risques identifiés et analysés peuvent varier.
[1] Il s’agirait du site de CAPIM Barcarena selon le site internet de la société
[2] Observatoire des Multinationales ; Une entreprise minière française accusée de semer la désolation en Amazonie – Bastamag ; Polluées, menacées, déplacées : ces communautés amazoniennes aux prises avec des multinationales européennes
Dans le plan, la cartographie est-elle publiée de façon précise en atteignant un niveau de détail suffisant ? Est-elle régulièrement mis à jour afin de prendre constamment en compte les risques au sein de la société ?
La cartographie des risques d’Imerys n’est pas publiée de façon exhaustive. D’une part, la méthodologie utilisée par Imerys n’est pas détaillée dans le plan de vigilance de la société. D’autre part, Imerys ne publie que des catégories de “principaux risques encourus” dans sa cartographie. Afin de respecter pleinement l’obligation de publication, la cartographie des risques devrait atteindre un niveau de détail suffisant, permettant à toutes personnes d’identifier précisément les risques du groupe.
Dans son plan de vigilance, Imerys a recours à plusieurs cartographies, en effet la société indique par exemple avoir élaboré une “cartographie des risques sur les fournisseurs en matière de droit du travail” . L’utilisation de plusieurs cartographies peut permettre à la société de présenter la totalité des risques identifiés de façon accessible et exhaustive. Pour remplir ces objectifs, les cartographies utilisées doivent cependant être complètes, atteindre un niveau de détails suffisant et être publiées, ce qui ne semble pas être le cas étant donné que la société ne présente et ne détaille pas les cartographies utilisées.
Imerys indique dans son plan de vigilance que “l’exercice de cartographie est réalisé tous les deux ans. Le dernier exercice s’est achevé en mai 2019” . Cependant, Imerys devrait, de façon constante, adopter un comportement vigilant par lequel la société identifie les risques et atteintes graves. La cartographie des risques devrait donc être mise à jour régulièrement et à échéance plus rapprochée que tous les deux ans. Il pourrait s’agir par exemple d’une mise à jour en cas de survenance d’événements majeurs tels que la modification d’un projet existant, la réalisation d’un nouveau projet ou la survenance d’incidences envers les droits humains et l’environnement.
D’autre part, Imerys précise que “chaque responsable fonctionnel et opérationnel se doit d’adopter […] une démarche permanente d’identification, d’analyse et de gestion des risques” et que “l’identification et la gestion de ces risques sont périodiquement examinées et discutées […] dans le cadre du processus budgétaire, des revues trimestrielles de résultats ainsi que des reportings mensuels de gestion” . Dès lors, ces examens périodiques d’identification, d’analyse et de gestion des risques pourraient aboutir à mise à jour de la cartographie des risques.
Le plan permet-il d'identifier intégralement la chaîne de valeur de la société ? Fournit-il des précisions sur l'activité des fournisseurs et sous-traitants de chaque site minier ?
Le plan de vigilance d’Imerys ne fournit pas de précisions générales sur le niveau de traçabilité du périmètre Groupe ou Extra-Groupe de la société. Le plan ne fournit pas non plus de précisions sur les activités ou le rang des filiales, des sous-traitants et des fournisseurs dans la chaîne de valeur. Cependant, à titre d’illustration, Imerys affirme avoir organisé en 2019 une série de formation auprès de 308 fournisseurs, afin de présenter notamment « le code de Conduite Professionnelle et le code d’Éthique d’Imerys ». Cependant, ces informations ne permettent pas de mesurer le nombre de fournisseurs du Groupe, ni la proportion de fournisseurs touchés par ce type d’actions. D’autre part, Imerys ne précise pas en quoi ces actions de formation aux codes du groupe constituent des mesures de vigilance raisonnable et permettent d’exclure des entités à risques du périmètre de la société.
Le niveau de traçabilité semble ainsi insuffisant puisqu’Imerys a fait l’objet d’allégations de financement de groupes armés dans le cadre de ses approvisionnements en talc depuis l’Afghanistan.
En effet, une enquête du Monde [1] a révélé que la société aurait financé, par l’intermédiaire de son fournisseur North West Minerals des groupes armés Talibans et de l’organisation Etat islamique dans le cadre de ses apprivoisements en talc depuis le district de Khogyani, dans la province de Nangarhar. Le minerai étant ensuite commercialisé par Imerys, notamment auprès de l’industrie automobile pour la fabrication de tableaux de bord ou de pare-chocs. Un niveau de traçabilité satisfaisant devrait permettre de détecter des entités à risques, soit avant leur intégration ou sinon de les en exclure.
[1] Le Monde ; Comment une entreprise française se fournit en talc au pays des talibans
Le plan identifie-t-il et justifie-t-il quels filiales, fournisseurs et sous-traitants font l'objet de mesures d'évaluation ? Indique-t-il la nature précise et la fréquence de ces évaluations ? Des mesures d'évaluation sont elles propres aux minerais provenant de zones de conflit ou à haut risque ?
Dans le plan de vigilance d’Imerys, les mesures d’évaluations du périmètre groupe et du périmètre extra-groupe semblent être uniquement des mesures internes. Il s’agit par exemple des “autodéclarations et autoévaluations des fournisseurs, [et des] évaluations par les équipes d’Imerys” . D’autre part, les mesures externes mises en œuvre par Imerys semblent être uniquement des “audits indépendants pour les entités d’Imerys présentent dans les pays classés à haut risque” . Imerys devrait cependant préciser en quoi le cahier des charges et les modalités de contrôle de ces audits apparaissent adaptés aux 224 sites industriels et aux 106 mines d’extraction de minerais du groupe et conformes aux exigences de la loi devoir de vigilance. Les mesures d’évaluations devraient par ailleurs être multiples, diversifiées en fonction des minerais exploités par exemple, afin de garantir une évaluation et un suivi des entités. Imerys ayant déjà fait l’objet d’allégation d’approvisionnement depuis des zones de conflit qui auraient conduit au financement de groupes armés Talibans et de l’organisation Etat islamique [1]. Les mesures présentées devraient permettre à Imerys d’identifier ses fournisseurs soumis à ce risque.
D’autre part, ces mesures d’évaluation devraient être mises en place en association avec les parties prenantes pertinentes, ce qui ne semble pas être le cas. Elles devraient également être établies au regard de la cartographie des risques. C’est-à-dire qu’en fonction de la cartographie, qui a permis de hiérarchiser les risques, Imerys devrait organiser l’établissement et la mise en œuvre des procédures d’évaluation.
En ce qui concerne la fréquence des évaluations mentionnées dans le plan de vigilance de la société, celle-ci n’est que très partiellement renseignée. Par exemple, Imerys indique “qu’en 2019, le Groupe a évalué 228 fournisseurs de deux catégories d’achat” sans toutefois donner davantage d’informations sur ces évaluations.
[1] Le Monde ; Comment une entreprise française se fournit en talc au pays des talibans
Imerys indique dans son plan de vigilance “qu’en 2019, le Groupe a évalué 228 fournisseurs de deux catégories d’achat : matières premières et conditionnement. Ces fournisseurs, incluant des catégories et des pays à haut risque, représentaient 16 % des dépenses du Groupe” . Si les mesures d’évaluation de la société sont ici organisées en fonctions des “catégories d’achats“, ces mesures d’évaluation ne semblent pas être réalisées au regard des risques identifiés dans la cartographie. Dès lors, des mesures d’évaluation précises et détaillées devraient s’appliquer à des filiales identifiées au regard de critères justifiant, le cas échéant, une priorisation. En ce sens, Imerys a déjà fait l’objet d’allégation d’approvisionnement depuis des zones de conflit qui auraient conduit au financement de groupes armés Talibans et de l’organisation Etat islamique [1] . Dès lors, des mesures d’évaluations des filiales, fournisseurs et sous-traitants propres aux risques de financement de groupes armés devraient être mises en place par Imerys.
[1] Le Monde ; Comment une entreprise française se fournit en talc au pays des talibans
Dans son plan de vigilance, Imerys n’indique pas si des mesures de vigilance s’appliquent précisément aux entités potentiellement implantées sur des zones de conflit ou à haut risque, alors même que la société revendique « 224 sites industriels et 106 mines dans 40 pays » et qu’elle a fait l’objet d’allégations d’approvisionnement depuis des zones de conflit qui l’aurait conduit à financer des groupes armés Talibans et de l’organisation Etat islamique [1]. Dès lors, Imerys devrait fournir des indicateurs permettant d’évaluer les mesures de vigilance prises afin d’éviter le risque d’approvisionnent en minerais de conflit, et indiquer, le cas échéant, les mesures mises en place pour y remédier.
[1] Le Monde ; Comment une entreprise française se fournit en talc au pays des talibans
Le plan indique-t-il les résultats de ces évaluations ? Présente-il leurs cahiers des charges et, le cas échéant, des critiques, notamment à l'égard des mécanismes de certification et des initiatives multipartites par lesquelles passent ces évaluations ?
Lorsqu’Imerys mentionne dans son plan de vigilance des mesures d’évaluation de la chaîne de valeur, la société ne donne aucune précision sur le cahier des charges de ces évaluations. La société devrait dès lors publier les indicateurs pertinents quant aux suivis de ces évaluations ainsi que leur méthode d’élaboration afin d’éviter au maximum les lacunes dans l’évaluation et le suivi des sociétés. Ces indicateurs permettraient ainsi de s’assurer que ces mesures sont suffisantes et adaptées à la prévention des atteintes.
Dans son plan de vigilance, Imerys mentionne simplement que des audits et des évaluations menés dans sa chaîne de sous-traitance ont permis “de procéder à des mesures correctives permettant d’aligner les exigences de la société avec ses pratiques” . Imerys devrait cependant publier les résultats des évaluations afin de mettre en évidence les progressions, les stagnations et les régressions. Elle devrait également indiquer quelles sont les mesures correctives adoptées ainsi que leur calendrier.
Dans son plan de vigilance, Imerys ne précise pas si la société adhère à des initiatives liées aux risques propres à l’extraction de minerais. Imerys devrait indiquer si la société participe à de telles initiatives et préciser le cas échéant si les mesures prises dans le cadre de ces initiatives volontaires sont des mesures de vigilance appropriées et, si oui, pourquoi. Imerys devrait également préciser si elle a identifié des limites à ces initiatives et a engagé des actions adaptées, le cas échéant, pour y remédier. En effet, comme le révèle le récent rapport de The Institute for Multi-Stakeholder Initiative Integrity [1], ou l’organisation Germanwatch qui a publié une étude sur l’efficacité des initiatives sectorielles dans les chaînes d’approvisionnement en minéraux des appareils électroniques [3], ces mécanismes peuvent s’avérer trop limités dans leur portée. Germanwatch a ainsi mis en avant que « l’affiliation (l’adhésion ou la certification) à ces initiatives ne constitue pas à elle seule la preuve que les minerais ont été obtenus d’une manière qui tient compte des risques environnementaux et sociaux et des risques envers les droits humains ». Dès lors, en cas d’affiliation à de telles initiatives, ces dernières devraient faire l’objet d’évaluations et de vérifications régulières.
[1] 2020.07 ; The Institute for Multi-Stakeholder Initiative Integrity ; not fit for purpose
[2] Sydow J. , Reichwein A. (2018); Germanwatch ; Governance of Mineral Supply Chains of Electronic Devices: Discussion of Mandatory and Voluntary Approaches in Regard to Coverage, Transparency and Credibility
Le plan de vigilance contient-il un plan d'action élaboré avec des parties prenantes identifiables ? Est-il basé sur des informations de terrains ? Présente-t-il de façon détaillée les mesures de prévention et d'atténuation des risques et atteintes graves ?
Dans son plan de vigilance, Imerys affirme avoir organisé “en 2019 une série de sommets des fournisseurs afin de leur faire connaître la nouvelle organisation du Groupe, ce qui lui a donné l’occasion de réitérer ses exigences en matière de prévention et de gestion des risques” . Cependant, Imerys ne précise pas si l’organisation de ces “sommets” a permis d’élaborer, de compléter ou de modifier les mesures de vigilance prises par la société. Le contenu de ces rencontres devrait être détaillé et s’appuyer sur les risques identifiés en fonction des types de minerais exploités ou des pays concernés par exemple. D’autre part, les mécanismes mis en place devraient être diversifiés. En effet, ces seules consultations ne sauraient être considérées comme des mesures adaptées d’atténuation des atteintes graves et de prévention des risques.
Dans son plan de vigilance, Imerys indique avoir mis en place des “programmes de dialogue avec ses parties prenantes et les communautés locales” ainsi que, de manière générale, des mesures d’information et de consultation des parties prenantes. Cependant, le contenu des consultations des parties prenantes liées à l’élaboration des plans d’actions devrait être détaillé et s’appuyer sur les risques identifiés et sur leur hiérarchisation.
Le plan de vigilance d’Imerys se contente de mentionner que “chaque site minier doit disposer d’un plan de vie de la mine (Life of Mine, LOM) et élaborer un plan d’action détaillé à cinq ans” . Le contenu de ces plans d’actions n’est toutefois pas détaillé dans le plan de vigilance. Ces plans d’actions devraient présenter les mesures qu’Imerys entend apporter afin d’atténuer les risques identifiés dans sa cartographie. En ce sens, Imerys ayant fait l’objet d’allégations quant à des déversements d’eaux usées, issues de l’extraction et de la transformation de minerais, dans des cours d’eau locaux d’Amazonie [1], la société devraient présenter les mesures adaptées qu’elle entend mettre en œuvre sur le site concerné [2].
D’autre part, selon le plan de vigilance d’Imerys, les plans d’actions de la société devraient également être fondés sur la “concrétisation des ambitions et engagements exprimés dans le Code et dans la Charte RSE” de la société. Imerys semble ainsi se limiter au respect par les fournisseurs et sous-traitants de la “Charte RSE” et du “Code de Conduite Professionnelle et d’Éthique d’Imerys”. Le recours à ces engagements moraux ne saurait toutefois constituer cependant des « actions adaptées » au sens de la loi s’ils demeurent trop vagues et ne répondent pas à chaque risque ou atteinte identifiés ou s’ils ne sont pas associés à des mesures de contrôle pour s’assurer de leur mise en œuvre.
Par ailleurs, Imerys n’ayant pas publié une cartographie exhaustive et détaillée des risques identifiés, le plan d’action se contente de présenter de manière générale quelques mesures mises en œuvre qui demeurent éloignées de l’identification des risques.
[1] Observatoire des Multinationales ; Une entreprise minière française accusée de semer la désolation en Amazonie – Bastamag ; Polluées, menacées, déplacées : ces communautés amazoniennes aux prises avec des multinationales européennes
[2] Il s’agirait du site de CAPIM Barcarena selon le site internet de la société
Le plan d'action est-il basé sur un calendrier et des objectifs qualitatifs et quantitatifs ? Des indicateurs permettent-il de s'assurer que les mesures et les ressources adoptées sont adaptées aux risques à atténuer et aux atteintes graves à prévenir ?
Imerys n’ayant pas publié une cartographie exhaustive et détaillée des risques identifiés, le plan d’action ne semble présenter que quelques objectifs peu précis. Ainsi, Imerys se fixe par exemple l’objectif d’atteindre “à terme, zéro incidents environnementaux” , ou l’objectif “d’analyser les impacts environnementaux de [ses] produits en déployant un processus et un outil d’analyse de la durabilité des produits” . Par ailleurs, certains objectifs semblent être établis en interne mais ne sont pas détaillés dans le plan de vigilance. Par exemple, en ce qui concerne les mesures à l’égard des fournisseurs, Imerys mentionne dans son plan de vigilance “qu’il appartient aux équipes d’achats de contribuer à identifier et prioriser les fournisseurs devant être audités par le Groupe” sans toutefois préciser quels sont les objectifs retenus. Ainsi, aucun calendrier ne semble être présenté par Imerys.
Dans son plan de vigilance Imerys met en avant le fait que la société “cherche en permanence à concevoir des moyens de créer une chaîne de valeur plus durable et plus écologique en mettant en œuvre un projet de réduction de matières solides pour augmenter la récupération de minerais mis au point par l’activité Minéraux de Performance au Brésil” . Imerys a justement fait l’objet d’allégations quant à des déversements d’eaux usées, issues de l’extraction et de la transformation de minerais, dans des cours d’eau locaux d’Amazonie [1]. Afin de s’assurer que les mesures mises en œuvre sont adaptées, les indicateurs mentionnés dans le plan de vigilance devraient être détaillés pour garantir que les mesures prises sont proportionnelles au risque ou à l’atteinte qu’elles visent à atténuer ou prévenir, en l’occurrence ici le risque de déversement de déchets d’un site d’extraction dans les cours d’eau. Cependant, le plan d’action d’Imerys semble se contenter de présenter de manière générale les mesures mises en œuvre. Par conséquent, Imerys ne présente pas dans son plan de vigilance des indicateurs permettant d’évaluer le caractère adapté des mesures de vigilance et les ressources affectées à ces différentes mesures, compte tenu du risque ou de l’atteinte à prévenir ou atténuer.
[1]Observatoire des Multinationales ; Une entreprise minière française accusée de semer la désolation en Amazonie – Bastamag ; Polluées, menacées, déplacées : ces communautés amazoniennes aux prises avec des multinationales européennes
Le plan d'action envisage-t-il de cesser certaines activités et de développer des alternatives ? Envisage-t-il, le cas échéant, la rupture de relations commerciales avec certains fournisseurs et sous-traitants ?
Dans le cadre de ses relations avec ses sous-traitants et fournisseurs (périmètre Extra-Groupe), Imerys ne précise pas si la société peut procéder à une rupture de la relation contractuelle. La société devrait toutefois préciser si cette solution peut être retenue et, le cas échéant, combien de relations contractuelles auraient été rompues sur la base de ces conditions. Toutefois, les conditions d’une telle rupture devraient être précisées. En effet, des informations sur les actions menées et les éventuels plans d’actions correctifs mis en œuvre préalablement à la rupture des relations contractuelles devraient être publiées. Ces informations permettraient à Imerys de démontrer que la société exerce en permanence son influence sur ses fournisseurs et sous-traitants tout au long de ses relations avec ces derniers mais aussi que la rupture des relations contractuelles intervient bien en dernier recours.
En ce qui concerne la cessation de certaines activités et le développement d’alternatives, Imerys mentionne simplement dans son plan de vigilance que la société peut identifier et mettre en œuvre “des actions ciblées pour tous les scénarios nécessitant des améliorations“. Cependant Imerys ne semble donc pas envisager la cessation de certaines activités et les mesures alternatives envisagées demeurent générales et imprécises.
Le plan indique-t-il les mécanismes d'alerte existants et leur périmètre ?
Dans son plan de vigilance, Imerys annonce avoir mis en place un “nouveau système d’alerte […] lancé en 2018 pour permettre le signalement de toute violation présumée du Code du Groupe” . Ce mécanisme d’alerte semble ainsi être l’unique mécanisme mis en place par le Groupe et ne semble pas être propre au devoir de vigilance.
Dans son plan de vigilance, Imerys précise que le système d’alerte est “ouvert à tous les salariés et parties prenantes externes” . Dès lors, ce mécanisme d’alerte semble s’appliquer aux périmètres groupe et extra-groupe de la société ainsi qu’aux parties prenantes externes de la société. En effet, le mécanisme d’alerte devrait être étendu à tous les individus potentiellement affectés par les risques d’atteintes résultant des activités de la société, de ses filiales, sous-traitant et fournisseurs. Ainsi, l’accès au mécanisme d’alerte pour des violations commises chez des fournisseurs, des sous-traitants, ou des communautés riveraines doit être garantie par son application aux “parties prenantes externes” . D’autre part, le mécanisme d’alerte doit couvrir la totalité du périmètre substantiel du plan à savoir les risques en envers les droits humains, l’environnement et la santé et la sécurité des personnes, ce qui n’est pas précisé par le fait que le mécanisme d’alerte d’Imerys est applicable à tous “cas de manquement à l’éthique et au Code du Groupe” .
Le plan indique-t-il les parties prenantes impliquées dans l'élaboration du mécanisme d'alerte et leur mode d'implication ?
Le Plan de vigilance d’Imerys ne comporte aucune précision sur l’association et l’implication des parties prenantes à l’élaboration du mécanisme d’alerte. Le plan devrait cependant comprendre des éléments de précision sur la méthodologie d’élaboration du mécanisme d’alerte et sur les modalités d’implication de ces parties prenantes. Une attention particulière devrait être portée aux parties prenantes vulnérables qui figurent généralement parmi les groupes les plus vulnérables et les plus gravement affectés (et qui englobent souvent les femmes, les enfants et les catégories socialement stigmatisées). Il conviendrait alors de leur accorder une attention particulière.
D’autre part, la loi précise que le mécanisme établi, mis en œuvre et publié dans le plan doit l’être « en concertation avec les organisations syndicales représentatives dans ladite société ». Dès lors, Imerys devrait indiquer dans son plan de vigilance les mesures de concertation mises en place avec les organisations syndicales représentatives.
Le plan de vigilance indique-t-il les modalités de fonctionnement du système d'alerte ? Indique-t-il les procédures de traitement des alertes ?
Le “système d’alerte” d’Imerys semble être centralisé au niveau de la société mère puisque sa gouvernance semble dépendre du “Comité d’Éthique, dont la présidence est assurée par la Directrice Juridique du Groupe et le secrétariat par le Responsable Juridique antitrust et conformité” . Toutefois, ce système d’alerte devrait néanmoins se diviser en de multiples outils et procédures déconcentrées.
En ce qui concerne la procédure de saisine, Imerys indique dans son plan de vigilance que “les signalements peuvent être effectués par téléphone ou via une plateforme web. Dans les deux cas, le service est disponible dans les principales langues d’Imerys, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7” . Par ailleurs, Imerys précise “qu’à la lumière des faits présentés dans l’ensemble des rapports préliminaires, le Groupe choisit en interne des professionnels formés aux domaines concernés pour instruire l’enquête. L’équipe ainsi formée se prévaut de tous les moyens nécessaires (examen de documents, entretiens, inspections de sites, etc.) pour statuer sur les faits invoqués dans le signalement” . Cependant, la procédure détaillée devrait, afin d’être accessible aux tiers, apparaître dans le plan de vigilance, être suffisamment rapide et devrait prévoir des mécanismes de vérification. Elle devrait informer au mieux l’auteur de l’alerte de la réception du signalement, de chaque étape de la procédure et des prochaines échéances. De même, les modalités concrètes de saisine du mécanisme devraient être détaillées.
Enfin, s’il doit y avoir une centralisation des informations pour permettre la mise à jour du plan dans sa globalité, des interrogations demeurent. En effet, si les dispositifs semblent pilotés par “le comité Ethique“, quelle indépendance cet organe possède-t-il vis-à-vis de la direction ? Le défi majeur que constitue la remontée d’information, et plus spécialement pour des violations commises chez des fournisseurs, des sous-traitants, ou des communautés riveraines, demeure.
Dans son plan de vigilance, Imerys indique que le système d’alerte “garantit la confidentialité des échanges d’un bout à l’autre du processus” . Toutefois, Imerys devrait préciser sur quelles normes de référence est construit ce dispositif. Ces informations permettent de s’assurer en partie que la protection devant être accordée aux personnes utilisant les mécanismes d’alerte correspond aux exigences de mise en œuvre du mécanisme d’alerte prévues par la loi devoir de vigilance, et que le mécanisme d’alerte mis en place protège effectivement l’anonymat des personnes l’utilisant et les protège ainsi contre toute représailles lorsqu’ils déposent des réclamations ou signalent des violations.
Le plan présente-il un système adapté de contrôle de l'effectivité de la vigilance ? Présente-il de façon détaillée les mesures mises en place ?
Dans son plan de vigilance, Imerys indique simplement que “chaque année, la fonction de Contrôle Interne du Groupe mène des campagnes d’autoévaluation du contrôle interne” . Toutefois, Imerys ne détaille pas les procédures propres à ces “campagnes d’autoévaluation” . Par ailleurs, ces procédures d’évaluation mises en place demeurent des procédures internes à la société qui ne font pas appel aux parties prenantes de la société ou à des tiers afin de s’assurer de l’objectivité des dispositifs mis en place.
Dans son plan de vigilance, Imerys précise simplement de manière générale qu’à “l’issue de la campagne d’auto-évaluation le Groupe a identifié différentes actions d’amélioration” sans détailler les procédures et les résultats propres à ces évaluations. Imerys présente toutefois le nombre de saisine de son système d’alerte : “13 cas de violation du Code du Groupe ont été décelés en interne ou signalés via le mécanisme d’alerte du Groupe” . Imerys ne détaille toutefois pas la thématique de ces alertes, tout en respectant effectivement les règles de confidentialité de l’alerte, alors même que ces informations pourraient participer au suivi de l’effectivité de la vigilance.
Le plan indique-t-il quelle est la méthodologie d'élaboration des indicateurs utilisés afin d'assurer le suivi de l'effectivité et de l'efficacité de la vigilance ? Détaille-t-il les résutlats obtenus ?
Dans son plan de vigilance, Imerys mentionne à titre d’exemple plusieurs indicateurs. Par exemple, Imerys mentionne notamment “qu’à la fin 2019, plus de 16 000 salariés avaient suivi la formation garantissant la bonne compréhension et le respect des éléments fondamentaux du Code” ou “que le Groupe incite aux certifications ISO 14001et d’Audit (SMEA). Fin 2019, 99 des 224 sites du Groupe (44 %) étaient certifiés ISO 14001 ou SMEA par des organismes externes agréés” . Cependant ces informations demeurent parcellaires et n’indique pas précisément quels sont les indicateurs utilisés pour assurer le suivi de l’effectivité et de l’efficacité des mesures. Ces indicateurs pourraient être par exemple des indicateurs de moyens ou de résultats. En effet, il semble important d’avoir à la fois des indicateurs de moyens et de résultats car les seuls indicateurs de moyens permettent de mesurer l’existence et le déploiement de mesures de vigilance mais ne permettent pas de mesures leur efficacité.
Dans son plan de vigilance, Imerys n’indique pas quelle est la méthodologie adoptée pour élaborer ces indicateurs, qui ne sont pas publiés. Cependant, le dispositif de suivi devrait comprendre l’établissement d’indicateurs pour chaque mesure de vigilance et pour chaque risque ou atteinte grave, afin de démontrer à la fois l’effectivité et l’efficacité des mesures. Par ailleurs, Imerys devrait également fournir une explication méthodologique sur le choix des indicateurs de suivi, ainsi que, pour chaque mesure, les ressources affectées en proportion de l’objectif poursuivi notamment afin de s’assurer que l’obligation de moyens visant à mettre en œuvre les mesures de vigilance prévues par la loi est remplie.
Enfin, ces indicateurs relatifs au suivi des mesures de vigilance participent au caractère efficace de la vigilance et devraient être établis en lien avec les parties prenantes et notamment les personnes directement affectées.
Le plan contient-il un compte-rendu exhaustif et transparent de la mise en oeuvre effective de la vigilance présentant l'évaluation des mesures prises ainsi que des plans correctifs prévus ?
Dans son plan de vigilance, Imerys, ne publie pas le compte rendu de mise en œuvre effective du plan de vigilance qui, selon la loi, devrait être rendu public. En effet, Imerys se contente de présenter tout au long du plan de vigilance des illustrations de mesures mises en œuvre au cours de l’exercice 2019.
Par ailleurs, les indicateurs clefs de suivi de la mise en œuvre effective et de l’efficacité des mesures de vigilance devraient aboutir à l’élaboration de mesures correctives. Cependant, Imerys indique simplement dans son plan de vigilance que “des actions ciblées seront identifiées et mises en œuvre pour tous les scénarios nécessitant des améliorationns” . Ces déclarations ne permettent toutefois pas de s’assurer que des plans correctifs ont été mis en place.